Forêts vertes, terres brunes



 Quelques mètres, on entre dans la forêt et tous ces mois qui se sont écoulés depuis notre retour ont disparu. Même, la jument noire dégage une sérénité particulière, une force tranquille, là, au pas à côté de moi. La mule rousse suit tranquillement, faisant son habituel marché gourmand. Avec Alix, on discute. Il paraît bien idiot maintenant, le doute qui me tenaillait il y a encore quelques heures.


Nous sommes un vrai petit troupeau en marche, avalant les kilomètres.
Chacun a son rôle, tout le monde est en liberté. Fin août, les pommiers sont lourds de fruits et les ronces regorgent de mûres. Les moissons sont presque faites partout et nous pouvons couper à travers chaumes. Le Soleil est là et une légère brise l'adoucit. Tout est d'une effroyable facilité. On s'ennuierait presque.

Pourtant, cette facilité n'a rien de surprenant. Tous ces jours de marche de l'année dernière ont forgé une équipe et une manière de la mener. Les juments ont appris leur métier, j'ai appris le mien : trouver l'herbe, trouver l'eau, trouver le chemin. Néanmoins, cette première partie du raid qui nous amènera à Veulettes-sur-mer se trouve aidée par l'hospitalité des membres de l'association Equi'tey, qui nous offriront le gîte plusieurs soirs de suite ! Merci donc à Caroline, Murielle et Marc.

Le chemin jusqu'à la mer passe donc entre vieilles abbayes et vieux villages, champs moissonnés et forêts, qui, malheureusement, sont parfois privées et bouclées. Le long de la Seine, les axes routiers sont denses et il est difficile de se frayer un passage entre les autoroutes et nationales. Pourtant, au milieu de ces terres brunes et de ces entrelacs de bitume, des gens nous ouvriront leurs portes et partageront notre quotidien d'un soir. Et, au creux des forêts, Alix et moi éclateront de rire aux pitreries de la mule et plans de bataille de la jument.

Après une bonne semaine de marche, nous arrivons au pont de Brotonne. Après sa traversée, nous retrouvons l'ancien propriétaire de Stringa qui nous amènera en camion chez lui. Bientôt la mer !

La suite du récit

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