Sous la pluie




Sous une pluie battante, nos chaussures comme des éponges et les juments fort
heureuses, nous arrivons à la maison. Nous avons donc mis vingt jours pile pour réaliser cette boucle de plus de 550 km.

Sur cette dernière journée, nous nous sommes fait coursées par un groupe de marcheurs nordiques (qui nous ont rattrapées avec une insolente facilité..) et découvert l'abbaye de Port Royal. C'est ainsi sur le chemin de Racine que nous avons retrouvé la route du pré.

Cette tranche de voyage est finie. Point de frustration, point de petites colères passées sous silence, c'est avec l'esprit tranquille et la satisfaction de l'effort bien mené qu'Alix et moi dormirons au sec ce soir. La jument noire et la mule rousse retrouvent leur troupeau, et galopent, et galopent.

Pluie et brouillard


Nous mettrons une bonne semaine également pour faire le chemin du retour.
Mais, contrairement à l'aller ensoleillé et rieur, ce sera une semaine de pluie et brouillard. Mais toujours rieuse ! On trouve vite une certaine cocasserie résignée à mettre des chaussettes mouillées dans des chaussures mouillées pour aller marcher dans de l'herbe mouillée. Et puis, une fois mouillées, on ne sent plus la pluie et les ponchos nous transforment en fiers chevaliers. La mule rousse ne trouve cela point drôle et est beaucoup trop occupée à orienter ses oreilles pour éviter que la pluie n'y rentre pour nous écouter jacasser et crier des "Montjoie Saint Denis !" dans la plaine. La jument noire, elle, marche devant telle une machine de guerre, brisant les flots, et, fière comme Bartabas, prend un trot de bataille et reprend "Que trépasse si je faiblis !".

La pluie et les orages amènent cependant quelques difficultés techniques. Mais elles ne sont rien face à la beauté de la campagne, nappée de brouillard et réveillée doucement par les rayons timides du Soleil. Et elles ne sont vraiment trois fois rien face aux désagréments liés à la traversée de la Seine à Épône. Heureusement, Sylvie, randonneuse également, nous aura bien renseigné.

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Puis les Embruns


Après un peu moins de 300 km, nous avons atteint l'objectif du raid: montrer
Stringa dans ses habits de voyageuse à son ancien propriétaire. Après une soirée fantastique, nous prenons le temps le lendemain matin de réatteler Stringa pour la première fois depuis un an et demi. Heureusement, la petite mule rousse se rappelle de tous les codes et surtout de la voix de son dresseur. Après ce petit tour, nous repartons. À la mer ! C'est l'été, tous à la plage !

Nous retrouvons Bénédicte, de l'association du poney Highland, qui nous hébergera deux jours, le temps de se reposer et d'aller à la mer à Veulettes-sur-mer. La mer est une première pour la jument noire et la mule rousse. Le sel, les vagues, les embruns amènent mille surprises. Avec Alix, on se laisse emporter par une insouciance de vacanciers.

Maintenant, nous sommes sûres de rentrer dans les temps et ce petit raid s'est définitivement transformé en "randonnée du bonheur", où chaque buisson est rempli de mûres, où chaque soir se passe sur de bons herbages et où la mule rousse a toujours une bonne plaisanterie à raconter.

Mais il faut déjà prendre le chemin du retour, qui nous fera traverser la forêt de Lyons, le Sud de l'Oise, le Vexin et la Seine pour revenir en vallée de Chevreuse.

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Forêts vertes, terres brunes



 Quelques mètres, on entre dans la forêt et tous ces mois qui se sont écoulés depuis notre retour ont disparu. Même, la jument noire dégage une sérénité particulière, une force tranquille, là, au pas à côté de moi. La mule rousse suit tranquillement, faisant son habituel marché gourmand. Avec Alix, on discute. Il paraît bien idiot maintenant, le doute qui me tenaillait il y a encore quelques heures.


Nous sommes un vrai petit troupeau en marche, avalant les kilomètres.
Chacun a son rôle, tout le monde est en liberté. Fin août, les pommiers sont lourds de fruits et les ronces regorgent de mûres. Les moissons sont presque faites partout et nous pouvons couper à travers chaumes. Le Soleil est là et une légère brise l'adoucit. Tout est d'une effroyable facilité. On s'ennuierait presque.

Pourtant, cette facilité n'a rien de surprenant. Tous ces jours de marche de l'année dernière ont forgé une équipe et une manière de la mener. Les juments ont appris leur métier, j'ai appris le mien : trouver l'herbe, trouver l'eau, trouver le chemin. Néanmoins, cette première partie du raid qui nous amènera à Veulettes-sur-mer se trouve aidée par l'hospitalité des membres de l'association Equi'tey, qui nous offriront le gîte plusieurs soirs de suite ! Merci donc à Caroline, Murielle et Marc.

Le chemin jusqu'à la mer passe donc entre vieilles abbayes et vieux villages, champs moissonnés et forêts, qui, malheureusement, sont parfois privées et bouclées. Le long de la Seine, les axes routiers sont denses et il est difficile de se frayer un passage entre les autoroutes et nationales. Pourtant, au milieu de ces terres brunes et de ces entrelacs de bitume, des gens nous ouvriront leurs portes et partageront notre quotidien d'un soir. Et, au creux des forêts, Alix et moi éclateront de rire aux pitreries de la mule et plans de bataille de la jument.

Après une bonne semaine de marche, nous arrivons au pont de Brotonne. Après sa traversée, nous retrouvons l'ancien propriétaire de Stringa qui nous amènera en camion chez lui. Bientôt la mer !

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